break, breakfast. (rhea)

Il t'est déjà arrivé de t'interroger sur la fluidité du temps. Une durée que l'on ne peut maitriser tellement elle est impossible à saisir, imprenable sur l'environnement et sur l'être. Nombreuses ont été les interrogations tournant autour de ce thème, notamment parce que la maturité avait déjà élue ses quartiers au sein de ta personnalité. Pourtant d'une œillade furtive, tu te dis qu'exactement la même réplique se joue sous tes yeux. Un effet dupliqué que ton lien fraternel appréhende de sa touche rêveuse et naturelle. Assis derrière le comptoir de l'ilot central de la cuisine, tu finis par reprendre le tracé de ton esquisse pour la commande d'un client. Les exigences de ce dernier sont reines – comme le veut si bien la source commerciale – pourtant la plupart de la clientèle à une nette tendance à se fier à ton instinct et ton talent. Humble de nature, tu reconnais que cela te donne davantage de pression mais ton ambition est la racine de ton succès posé. Les verres de tes lunettes de vue ne voilent en rien l'éclat de tes deux perles vertes hérités d'un père disparu trop tot entre les nappes houleuses de la mer et pourtant elle pétillent d'une intuition pour la fleur de lotus aux élans asiatiques que tu es en train de dessiner. La toux caverneuse de ta sœur – à peine majeure – attire ton attention. Soucieux du bien être de ta cadette, tu l'as toujours été et le sera toujours sans le moindre doute. « Roxy, le marathon sex and the city c'est peut être bon pour aujourd'hui tu ne crois pas ?! ». La voix légèrement rocailleuse de la blondinette retentit avec un amusement qu'elle est loin de feindre, bien au contraire. Elle tourne la tête en ta direction non sans masquer son rire mutin et adorable qui te rappelle combien elle a un coté gamin prononcé quelques fois. « Okay, j'avoue que cette fois tu as raison ... ». Dit-elle en mettant le volume en sourdine tout en trainant son corps comme s'il pesait une tonne.  Elle se laisse choir sur le tabouret en face de toi alors que tu tends le bras pour lui verser une tasse de thé au thym à l'orange, très bon pour les états grippaux, notez le et merci grand-mère ! Le nez rouge et les iris brillantes, Roxy boit une petite gorgée avant de poursuivre. « Tu as pensé à ma proposition de l'autre fois ? ». Tu hoches lentement la tête, les yeux toujours fixés sur ton croquis. Ah, oui la fameuse proposition qui sous entendait que ta petite sœur s'inflige d'autres heures supplémentaires de boulot et ce au noir. Elle savait que votre mère n'était pas pour et elle comptait sur toi pour que tu la raisonnes tandis que ta sœur espérait que tu intercèdes en sa faveur. « Ecoute, tu sais que tu ne feras pas changer maman d'avis … en revanche, je me disais que tu pourrais bosser avec moi en attendant si tu veux ? ». Autant dire que cela semblait plutôt ravir ta sœur mais avant qu'elle ne réponde quoi que ce soit, la sonnerie de l'interphone retentit. Roxy se lève – accompagné de ses courbatures – pour aller répondre et après quelques secondes finit par raccrocher et presse le bouton pour ouvrir en bas. « J'espère que Rhea à apporter des oranges parce que sinon les partiels de lundi auront ma peau ! ». Vous échangez un rire amusé plus que ravis de la visite inattendue de ta cousine.