— all i need / lenox.

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Elle se regarde dans le miroir depuis déjà quelques minutes. Depuis leur dernière conversation, le boule qui se trouve dans son ventre ne veut partir. Elle avait accepté son rendez-vous. Chose qu’elle n’aurait dû jamais faire. Mais au fond, Becca en avait envie. Elle avait envie de rencontrer ce parfait étranger à la vois mystérieuse. Un soupir s’échappe de sa bouche. Et s’il était déçu ? Becca fixa son reflet. Ça irait comme ça. C’est donc vêtue d’un pantalon en similicuir noir, d’une longue veste grise chinée dans une boutique vintage, et d’une grosse écharpe, qu’elle sortit de chez elle en direction du parc. Elle espérait arriver la première. Car Becca, elle n’aime pas arriver après les autres, préférant qu’on vienne à elle plutôt que d’aller vers les autres. Sociable, elle l’est. Mais dire bonjour à une personne déjà présente au rendez-vous, elle déteste. C’est d’ailleurs le pourquoi elle est constamment à l’heure. Ou en avance. Plus elle s’approchait - bien que d’un pas lent - vers le parc, plus son coeur battait la chamade. Elle respira l’air frais de Montana. Elle était la première. Et en attendant, Becca prit place sur un banc. Elle jeta un coup d’oeil aux alentours. Après tout, elle ne savait quoi regarder, qui chercher. Jusqu’à ce que son téléphone retentisse quelques minutes après son arrivée. - Allô ? Dit-elle d’une voix tremblante.

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Cent pas. Arrêt devant le miroir. Cent pas à nouveau. Les yeux fermés, un soupir traversait ses lèvres. Il était celui qui avait proposé une rencontre et maintenant il hésitait. Rien n'était plus sûr, il ne savait plus si c'était une bonne idée, s'il pouvait réellement le faire. Il avait posé la question sans réfléchir pousser par un élan de courage. Lui-même en avait été étonné. Encore plus lorsqu'elle avait répondu positivement sans hésiter une seule seconde. Il entendait son colocataire ricaner dans son dos. Il avait bataillé, Leni, pour ne rien dire, ne rien avouer. Il s'agissait là de leur secret, personne d'autre ne savait et ça lui convenait. Puis ce n'était pas un rencard ou quelque chose du genre. La situation était bizarre, elle mettait Leni mal à l'aise. Il avait l'impression de la connaître ; de tout savoir de ses peurs les plus secrètes, de ses rêves les plus inespérés et pourtant il y avait tellement de zones d'ombre la concernant. Il pourrait reconnaître son rire, sa voix entre mille, rien qu'un mot traversant ses lèvres lui suffirait à deviner si elle allait bien ou pas, mais il pourrait la croiser dans la rue et continuer son chemin sans s'arrêter. Son visage était un mystère pour lui. Jusque là, ça ne l'avait pas dérangé, il laissait son esprit divaguer, lui inventait un visage chaque soir. L'impression de la connaître depuis toujours tout en parlant à une inconnue. Elle l'avait libéré d'un poids juste en écoutant ses complaintes, ses craintes, mais peut-être que la rencontrer gâcherait ce qu'ils avaient réussi à construire. Il ne savait plus. La gorge nouée, il observait une dernière fois sont reflet dans le miroir. Ses mains lasses s'écrasaient sur son visage comme pour essayer d'effacer les traces de fatigue qui s'y étaient installées. Il n'avait pas réussi à fermer l'oeil de la nuit. Il enlevait une poussière de son pull gris avant de soupirer et d'enfiler son long manteau noir et de sortir.

A plusieurs reprises, il avait voulu faire demi-tour, l'appeler pour annuler, reporter, s'enfuir en somme. Arrivé à l'entrée du parc, les mains dans les poches, il s'arrêtait quelques secondes. Et si elle était déçue, qu'elle ne s'attendait pas à un homme comme lui, qu'elle espérait mieux ? Un rire nerveux traversait ses lèvres, il se sentait comme un adolescent. Il faisait froid, mais malgré cela, il y avait plusieurs personnes déambulant dans le parc. Comment la reconnaître parmi tous ces gens alors qu'il ne connaissait pas le moindre détail sur son apparence. Le col de sa veste remonté, il s'emparait de son téléphone et composait ce numéro qu'il connaissait par cœur. Sa voix. Il retrouvait son repère, il avait l'impression que son cœur ralentissait sa course calmement. - C'est moi. se contentait-il de répondre en jetant des coups d'oeil furtifs autour de lui. Elle devait avoir deviné, il se giflait mentalement d'être aussi stupide. - Difficile de se retrouver. ajoutait-il en riant doucement, nerveusement. Il cherchait alors une jeune femme au téléphone dans les alentours. Sa main plongée dans sa poche jouaient nerveusement avec ses clés, son cœur avait repris sa course folle, la boule au fond de sa gorge avait refait son apparition. Le téléphone à l'oreille, il guettait son regard.

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Sa voix tremblait, ça devant s’entendre. Son cœur s’emballait dès qu’elle entendait sa respiration au bout du fil, ses joues devenaient pourpres dès que sa voix résonnait dans le combiné. Elle se trouvait là, dans le parc. Vêtue d’un jeans slim lui remontant légèrement sur les chevilles, laissant apparaître sa peau douce et délicate. Un t-shirt blanc venait se glisser dans son pantalon, lui marquant la taille un peu plus, alors que son parka recouvrait ses épaules. Car on avait beau être en été, le temps ne s’y prêtait pas réellement aujourd’hui. Avant-gardiste et surtout prévoyante, elle avait préféré s’habiller plus chaudement. Elle sourit quand il l’entendit dire c’est moi. Elle savait pertinemment que c’était lui. Ses yeux guettaient le moindre homme au téléphone. À croire que tout le monde avait décidé de se donne rendez-vous ce jour bien précis. - Effectivement. Dit-elle brièvement. Et puis, au loin, elle l’aperçut. Certes, elle ne savait pas à quoi il ressemblait. Elle ne l’avait jamais vu. Elle ne connaissait que sa voix. Mais au fond d’elle, elle savait que c’était lui. Grand, le corps meurtri par la guerre, au visage brisé. Tout en gardant son téléphone collé à son horaire, son corps avança lentement. Comme porté par une force qu’elle ne pouvait contrôler. Plus elle approchait, plus son cœur battait dans sa poitrine, prêt à sortir le plus rapidement possible. Elle prit une profonde respiration, ne se concentrant que sur le souffle à l’autre bout du fil. Elle le vit tourner la tête, inconsciemment, elle sourit. Elle lui sourit. Becca s’arrêta net, devant lui. - Bonjour. Dit-elle d’une voix basse, comme si elle voulait garder ce moment précieux et rien que pour elle. - Enchantée, je suis Becca. Et ce fut naturellement qu’elle lui tendit la main.

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La peur au ventre, presque l'envie de fuir en courant. Maintenant, il se disait que ce n'était pas une bonne idée de la rencontrer. Pourquoi voulait-il plus alors que le semblant de relation qu'ils avaient déjà le comblé ? Il osait espérer plus, il voulait y croire, Leni. Ses mains tremblotantes s'emparaient de son téléphone et ses doigts composaient ce numéro qu'ils connaissaient désormais par cœur. Sa voix de l'autre côté du combiné lui arrachait un sourire, un frisson. Etrangement, il se sentait plus rassuré maintenant, moins perdu, peut-être moins seul aussi. Comme si la savoir dans les parages rendait le parc moins effrayant. Tournant sur lui-même, il cherchait une quelconque jeune femme au téléphone. Puis son regard tombait sur elle. Il lui fallut quelques secondes pour réagir, pour que ses pieds ne se décollent du sol. Ses traits se détendaient légèrement à sa vue. Le visage si doux, les yeux pétillants. Son cœur loupait un battement lorsqu'elle se dirigeait vers lui. La panique l'envahissait alors que respirer devenait difficile. Mais le sourire qui étirait les lèvres de la jeune femme le calmait. Il ne parvenait plus à lâcher son regard. Une impression de rêve pour lui qui avait passé des nuits entières à essayer de dessiner son visage dans son esprit. Un ange. Jamais il n'était parvenu à l'imaginer de la sorte. « Bonjour. » soufflait-il à son tour en l'imitant, ne sachant pas quoi faire d'autre. Elle lui apparaissait comme hors de sa portée, il avait l'impression de faire tâche. Lui avec son visage fermé et ses épaules courbées face à ce rayon de soleil, elle était légère, libre. Du moins, il la voyait de la sorte. Becca. Un son qui berçait ses oreilles. Le plus beau depuis bien longtemps. Il raclait sa gorge discrètement avant de serrer sa main dans la sienne. « Lenox. Mais appelez-moi Leni. » Il avait envie de partir loin, Leni, de se cacher. Puis il se rendait compte qu'il n'avait pas lâché son regard, alors il baissait les yeux sur ses chaussures, gêné. Son regard tombait sur sa montre qui affichait son léger retard. « Désolé pour le retard. » se contentait-il de souffler. Il avait tellement de choses à lui dire pourtant. Elle lui avait sûrement sauvé la vie ou du moins ce qu'il en restait. Sans elle, il ne savait pas s'il serait encore là aujourd'hui. Elle avait été sa bouée dans le naufrage, celle qui ne l'avait pas abandonné alors qu'il se consumait petit à petit. Mais il ne disait rien pour le moment, Leni. Trop apeuré, craintif, ne voulant pas faire un pas de travers, dire un mot qui ne faudrait pas. Il ne voulait pas la brusquer non plus, mais il avait surtout peur de faire une erreur et de la voir s'envoler aussi vite qu'elle était arrivée. Lentement, il relevait les yeux vers elle, en silence.

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» Journal de bord de Lenox Gatling.