[come back and haunt me] / theo

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Tell me your secrets and ask me your questions oh, let's go back to the start.
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La journée n’avait pas été facile. Elle avait d’ailleurs été assez longue. Pourtant Rhea avait l’habitude de pratiquer des boulots chiants. Il faut dire que durant ses voyages, elle en a fait des choses. Des emplois trouvés au dernier moment. À gauche à droite. N’hésitant pas à faire tout ce que les autres n’avaient pas envie de faire. Elle était comme ça Rhea. Et depuis qu’elle était revenue à Port Isaac, elle n’avait pas vraiment chômé. Elle travaillait maintenant au Crab Pot, ce qui ne la déplaisait pas non plus. Mais il lui arrivait souvent de rentrer tard dans sa chambre, et de tomber raide morte sur son lit. Cependant ce soir, elle changea ses plans. Et c’est sans réellement attendre qu’elle se dirigeât vers le Golden Lion. Rhea aurait aimé rentrer, se poser, mais si elle continuait comme ça, elle finirait seule entouré de plusieurs chats. Elle poussa la porte du pub. Il faisait sombre. Et pourtant, elle le reconnut. Au loin, de dos. Sa chevelure bouclée un peu trop longue à son goût. Il n’y en avait pas deux comme lui. Alors Rhea s’approcha, remettant son sac sur son épaule. Assis au bar, il écrivait. Comme souvent, d’ailleurs. Et dans ce cas là, quand Rhea le voyait, elle pouvait le regarder des heures durant sans rien faire. Arrivée derrière lui, elle déposa ses mains sur ses épaules. - Bouh !

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Remember everything will be alright
We can meet again somewhere
Somewhere far away from here
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Le Golden Lion semblait presque mourir d’ennui aujourd’hui. Peu de personne avait passé le pas de la porte, si ce n’est quelques bonhommes du coin, venus chercher un peu de réconfort auprès d’un verre de whisky. Ca ne parle pas, l’alcool. Ça aide drôlement à faire oublier tous les problèmes du monde. A nous pourrir de l’intérieur, aussi. Mais Theo se gardait bien de le rappeler aux rares clients du bar. Après avoir lavé une énième fois le comptoir, balayé la salle de fond en comble et répertorié les bouteilles presque terminées, il décida de se donner une pause. Il extirpa un carnet de son sac et partit s’installer dans un coin du bar. Le calepin semblait avoir vécu cent ans ; sa couverture en vieux cuir ne tenait plus que grâce à de nombreux morceaux de scotch appliqués ici et là. A l’intérieur, les pages avaient été noircies de notes de musique, de phrases écrites à la va vite, de textes rédigés sur le moment. C’était dans ce même carnet que Theo avait commencé à écrire. De la musique, qu’il s’imaginait jouer silencieusement et des mots, reflets de ses propres émotions. L’histoire de sa vie. Penché sur des notes écrites la veille, il n’entendit pas la cloche de la porte tinter derrière lui. Ni même les pas qui semblaient se rapprocher, jusqu’à ce qu’une petite voix s’élève et qu’il sente une pression douce sur ses épaules. Puis il la vit. Sublime, comme toujours. Son sourire l’éblouissait à chaque fois. – Encore un peu et j’étais mort de peur. Il se risquait souvent à l’humour, depuis qu’il la connaissait. Elle avait cet étrange pouvoir sur lui ; celui de l’ouvrir un peu plus au monde. Chose qu’il s’était empêché de faire pendant trop d’années. – Qu’est-ce que tu fais là ? Je te pensais occupée à préparer ton prochain voyage. Il en parlait sans y mettre d’émotion. Mais au fond, cette idée le rendait malade. Il n’imaginait plus Port Isaac sans l’intrépide Rhea.

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Le voir essayer tant bien que mal de faire un peu d’humour la fit sourire. Car Rhea, elle se souvient de cet homme froid, au visage glacé qu’elle avait rencontré à son retour à Port Isaac. Elle ne l’appréciait pas, au début. Elle ne le cache pas. Et puis il y avait eu cette alchimie, un peu malgré elle. Malgré lui aussi. Elle a fini par accrocher à ce regard ténébreux et mystérieux. Et par s’accrocher aussi. Chose qu’elle pensait impossible. - Arrête t’es pas drôle. Dit-elle en lui donnant amicalement une petite tape sur l’épaule. Rhea aurait pu simplement lui dire bonjour et passer son chemin. Monter dans sa chambre qu’elle occupait à l’étage et comme il le dit si bien : préparer son prochain voyage. Mais elle était d’humeur joviale, la Watkins. Chose qui ne lui prenait pas souvent quand elle était à Port Isaac. - Oh, je me suis dit que j’allais arrêter de faire mon insociable pendant une soirée. Mais je vois que toi, par contre .. Elle montra d’un signe de tête son carnet, voulant lui expliquer que même si il n’y avait pas vraiment un chat au Golden Lion ce soir, ce n’était pas une raison pour se renfermer dans un coin du bar, seul, à écrire des chansons déprimantes. Bien que Rhea était admirative de sa musique et de ses textes. - Allez, range ça et sers-moi un verre. Et prends la même chose. C’est la maison au offre, non ? Rhea, elle était comme ça. Toujours boutentrain, à essayer de faire sourire les personnes se trouvant en face d’elle, alors qu’elle même pouvait parfois brouiller du noir.

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Les mots se mélangeaient dans sa tête, alors qu’il essayait vainement une pointe d’humour, pour détendre l’atmosphère. Parce qu’une tension restait palpable, même en sachant ce qu’il ressentait pour elle. Contre toute attente, il lui en voulait. Beaucoup. De l’abandonner. Ridicule, car elle ne lui devait rien. Car il ne s’était jamais rien passé et c’était probablement mieux ainsi, pour tous les deux. Il tiqua lorsqu’elle mentionna son carnet. Il y tenait, comme à la prunelle de ses yeux. Personne n’avait mis son nez dedans, mis à part lui. Il contenait beaucoup trop de choses, des bribes de sa vie, de ses pensées dont il n’avait jamais parlé. Mais elle était là, aujourd’hui. Il pouvait bien faire un effort. – A vos ordres, mon capitaine. Après avoir soigneusement rangé le carnet à sa place, au fond de son sac et à l’abri des regards, il se hâta d’aller remplir deux verres. Une bière locale, très appréciée par la clientèle du Golden Lion. – A la tienne. Il n’attendit pas pour prendre sa première gorgée. La présence de Rhea le rendait étrangement nerveux. Conséquence de ce caractère fort, imprévisible. De ces sentiments qu’il sentait grandir malgré lui. – Pas encore prête à quitter notre charmante ville, hein ? Il se mordait la langue ; le sujet revenait sans arrêt, il ne pouvait s’en empêcher. Elle semblait si pressée de s’enfuir d’ici, de découvrir ces coins du monde où elle n’avait encore pas mis les pieds. Et pourtant, elle était encore là. Devant lui, à lui offrir ce sourire.

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