nom complet ● Whelan, Cassius.
âge, lieu de naissance ● Âgé de vingt-neuf ans, Cassius est né à Easington dans le nord de l'Angleterre, une ancienne ville minière où les rues et les visages ont la même allure : tristes, sales, esseulés.
origines et nationalité ● Cassius est anglais, mais ce n'est pas comme si ça changeait quoi que ce soit à sa vie. Ses malheurs se drapent d'universalité – c'est presque réconfortant.
occupation et statut financier ● Il vient de passer près de dix ans en prison, sort sans diplôme si ce n'est un papier qui certifie qu'il a terminé le lycée. Cassius fait partie d'un programme de réinsertion qui trouve des jobs aux anciens détenus. Présentement, il travaille dans un centre d'équitation en tant que garçon d'écurie.
statut civil et orientation sexuelle ● Célibataire, Cassius se tient à distance respectueuse de toute relation sentimentale. Il angoisse à l'idée de se retrouver dans une situation où il devrait dévoiler son cœur ou son corps. Femme ou homme, ça n'a aucune importance : les deux l'intimident tout autant.
couleur préférée ● Gris pâle, ça va avec tout.
chanson préférée ● Thinking about you, de Frank Ocean.
plat préféré ● Les plats de chez Stathakis, le (seul) traiteur grec de Port Isaac.
plus grand rêve ● Être heureux. Ça serait une belle revanche, un pied de nez à l'existence.
plus grande peur ● Retourner en prison, Cassius n'y survivrait pas. Sa peur, c'est de faire une erreur, de ne pas être assez sur ses gardes et de retourner à la case départ.
traits de caractères ● réservé, serviable, loyal, garde ses distances, endurant, prudent, malin, tient à sa tranquillité, travailleur, doux.
groupe • anywhere.
I. | i am not the only traveler
depuis quand vivez-vous à port isaac ? ● Port Isaac est le havre de Cassius depuis quelques mois. Arrivé sans trop savoir à quoi s'attendre, il s'est acclimaté - plus ou moins - à la vie tranquille et lente de la bourgade.
qu'est-ce que vous pensez du village ? ● Port Isaac, c'est... humide. Coloré, aussi - le vert des plaines, le blanc des falaises, le bleu de la mer. Cassius, ça lui fait tout drôle après le gris de la prison. Le petit village est un drôle d'endroit. Cassius ne sait pas vraiment quoi en penser ; après tout, il n'est pas là depuis assez longtemps pour porter un quelconque jugement sur sa ville d'adoption.
donnez trois mots qui définissent port isaac d'après vous Humide, Cassius y revient toujours. Il a l'impression de ne pas avoir été sec depuis qu'il a mis les pieds dans le village. Port Isaac, c'est aussi
l'anonymat, relatif certes, mais tout de même. Ici, il n'a aucun lien, aucune attache et c'est tant mieux. Enfin, Port Isaac, c'est aussi les
couleurs. De la nature, de la vraie vie, celle du dehors.
quel est votre endroit préféré à port isaac ? ● La bibliothèque obtient les faveurs de Cassius. Rat de bibliothèque, peu friand des pubs et autres lieux de socialisation alcoolisée, il préfère se perdre dans la solitude des rayons. La bibliothécaire l'adore, même s'il a poliment rejeté son invitation à se joindre à elle pour le thé.
quel(s) défaut(s) a port isaac pour vous ? ● C'est petit, trop petit, tout le monde se connaît, les visages s'y reconnaissent trop facilement, trop vite. Cassius aurait voulu disparaître, se perdre dans une grande ville où il n'aurait pas à recroiser les mêmes visages chaque jour. Et puis, d'un autre côté, c'est trop grand, toute cette nature environnante, ça l'angoisse, ça le perd.
Le premier souvenir de Cassius, c'est le froid humide qui s'infiltrait dans chacun des murs du minuscule qu'il occupait avec sa mère et son frère aîné. Ces quelques pièces mal foutues, assemblées et meublées de bric et de brac ont accueilli les premières années de Cassius à Easington, une ville minière ravagée par le chômage. De père, pas la moindre trace, certainement un marin de passage. Sa mère était une serveuse aux grands rêves brisées et à la baffe facile. La seule personne sur laquelle Cassius pouvait compter, c'était son frère aîné, Scott. Du moins, d'une certaine façon, car c'est aussi ce dernier qui l'a entraîné dans sa chute et l'a conduit tout droit en prison. Cassius, il se débrouillait pas trop mal à l'école. Il avait ses chances, du potentiel, comme les professeurs disaient aux réunions parents-professeurs que sa mère manquait invariablement. Manque de chance, manque d'argent, le destin avait distribué ses cartes autrement et il n'a jamais pu franchir le cap du lycée malgré ses bons résultats et son intérêt pour la littérature. ~ C'est l'été après le lycée que tout a commencé à déraper. Scott lui a parlé de ce truc génial, de ce plan qui leur rapporterait gros. Tu pourras aller à l'université, qu'il lui répétait, on s'achètera une maison, des grosses bagnoles, on fera la fête, tu verras. Le plan de Scott, c'était de dévaliser à la nuit tombée les entrepôts à l'extérieur de la ville, arme au poing et cagoule sur la tête s'il le fallait. Après avoir constitué une petite bande et fourré un Glock volé dans les mains de son frère hésitant, Scott a mis son plan à exécution. Pendant près de six mois, Cassius s'est donc retrouvé à vivre une vie de gangster. Ca ne marchait pas trop mal, jusqu'à ce que ça ne marche plus du tout. Un soir, tout a mal tourné : les agents des douanes leur sont tombés dessus. Scott a été abattu, Cassius pris en flagrant délit de vol, deux agents ont été blessés, dont un gravement. La sentence fut sans appel : pour le petit jeune de dix-neuf ans, ce serait quinze ans de prison. ~ Ses quinze ans, il est parvenu à les transformer en dix, pour son exceptionnelle bonne conduite. Mais Cassius, la prison, il n'en parle pas. Il s'est pris de sacrées baffes. Il s'est retrouvé forcé à faire des trucs pour des types plus puissants, plus dangereux que lui. La prison, il essaye surtout d'oublier. Mais les habitudes ont la vie dure. La liberté lui fait presque peur, surtout depuis qu'il se retrouve catapulté ici, au beau milieu de nulle part, pour ce programme de réinsertion. On ne lui a pas demandé son avis, on l'a juste envoyé ici, pour s'occuper des chevaux, être dans la nature, on s'est peut-être dit que le grand air lui ferait du bien après avoir passé autant de temps enfermé dans sa cellule. Port Isaac, Cassius sait pas trop quoi en penser. D'un côté, il ne peut pas nier qu'être un homme libre lui avait manqué. Mais la prison lui offrait un rythme. Levé tous les jours à six heures et demie, déjeuner à midi, sortie à seize heures. Entre-temps, il s'occupait, il faisait des travaux d'intérêt général, ce genre de conneries. Désormais, il a tout ce temps de libre entre les mains et il n'a aucune idée de quoi en faire. Il aime ce qu'il fait, les animaux, ça lui plaît bien, au moins, il est pas obligé de causer. Causer, ça, il sait pas vraiment faire, surtout qu'il a l'impression qu'il y a écrit « taulard » sur son grand front. Alors, il se balade beaucoup, il explore les environs, il tombe parfois sur un plouc du coin, parfois sur ce petit jeune à vélo qu'il observe de loin sans oser rien y faire. ~ Niveau relations, Cassius est un novice, une page blanche. Les rares expériences positives qu'il a eues, quand il était encore en liberté, se sont faites dans la plus grande discrétion, avec des garçons et des filles sans qu'il ne sache vraiment ce qui lui plaisait le plus. Puis ça a été la prison, et là, il préfère ne pas y repenser, compte tenu de certaines entrevues physiques dont il se serait bien passé. L'intimité, physique comme émotionnelle, lui fait peur autant qu'elle exerce un attrait irrésistible sur lui, et il est désarmé face à cet aspect de sa vie.
II. | take me back to the night we met
Avec réticence, Cassius sortit du box et ressentit immédiatement les effets de la bruine et du froid humide. Derrière lui, la jument hennit doucement comme pour lui signaler qu'il devait partir. Cassius lui jeta un regard, envieux du petit espace chaud et confortable qu'elle occupait. Il aurait aimé, lui aussi, se rouler dans la paille, s'y faire un lit douillet et s'y endormir, bercé par le clapotis de la pluie, son roulement régulier contre le toit de tôle des écuries. Mais il devait se dépêcher, ou la nuit le rattraperait et il était bon pour se perdre dans les chemins sinueux qui séparaient le centre d'équitation des premières habitations de Port Isaac.
Il rabattit la capuche sur son front et enfonça ses mains dans ses poches le plus profondément possible. Quelques collègues lui adressèrent des signes de tête. Il avait été bien accueilli, pour un type sorti de prison. Cela faisait trois mois environ. Il n'en avait pas perdu les habitudes, pourtant. Ces dix ans s'étaient imprégnées en lui comme la pluie qui perçait les maigres défenses de son sweat. Même sans réveil, il ouvrait toujours l'oeil à la même heure. Six heures et demie, entre chien et loup. Il en profitait pour regarder l'aube rose se lever sur la ville grise, et son café lui paraissait alors moins amer. Il rasait les murs, même quand il n'en avait pas besoin. Il avait oublié comment regarder les gens dans les yeux, comment regarder devant lui tout court, toujours sur le qui-vive, à l'affût du coup de couteau, de la main baladeuse, du poing qui pouvait survenir à tout moment.
Regarder devant lui, donc. Il ne se souvenait pas vraiment et c'était peut-être ça qu'il ne vit pas l'inconnu en face arriver en vélo, pas tout de suite. Ce fut le bruit qui lui fit relever la tête, le bruit régulier et agréable de la chaîne bien huilée d'un pédalier, un véritable fantasme pour le gamin qu'il avait été. D'un œil envieux, il observait ses petits camarades de classe dominer les trottoirs de leurs VTT tandis qu'il devait se traîner à pied durant des après-midis interminables, jusqu'à ce que l'un des plus grands finisse par lui prêter le précieux véhicule, et il faisait des tours et des tours, en rond, car au fond, où serait-il allé ?
Ce cycliste-là, en revanche, ne faisait pas de rond. Il pédalait vivement, le visage battu par l'air frais. Il était jeune – Cassius lui donnait dix ans de moins, l'âge qu'il avait lorsqu'il était passé derrière les barreaux. Il sentit une pointe lui piquer le coeur et il fit un pas de côté pour laisser passer l'inconnu qui ne lui adressa pas un regard. Au moment où il le dépassait, quelque chose tomba de sa poche.
Cassius ne le remarqua pas tout de suite. Immobile, il resta planté sur le bord du chemin et observa le jeune homme s'éloigner. Ce n'est que lorsqu'un coup de vent poussa un bout de papier contre sa chaussure qu'il saisit la situation. Il se pencha pour ramasser la boule froissée et la déplia. La pointe vint percer son coeur un peu plus. Devant lui, crayonnée sans réel effort mais avec talent, s'étendait la vallée, la forêt, son soleil pâle et sa ville blottie, presque endormie.
« Hey, t'as laissé tomber ça ! » fit-il en se retournant vivement, agitant le dessin dans l'air.
Pas de réponse. Le cycliste continuait de s'éloigner, indifférent aux appels, indifférent à sa perte aussi peut-être.
Cassius finit par abandonner et reposa ses yeux sur le dessin. Après une longue considération, il lissa la feuille tant bien que mal, la plia en quatre et la glissa dans la poche intérieure de son sweater, là où elle serait le mieux protégé de la bruine.
Et lentement, il reprit sa route.
- Spoiler:
pseudo/prénom • capricorns, laura.
âge, pays • 24, fr.
personnage • inventé.
crédits • freesia (avatar), valkyries (icons).
avatar • joel kinnaman.
avis, commentaires • forum coup de coeur, j'espère qu'il va durer très longtemps.